La pandémie a bouleversé les anciennes habitudes dans le monde du travail et, par conséquent, la manière dont nous travaillons a radicalement changé au cours des deux dernières années. Mais cette tendance va-t-elle perdurer ? Ou est-ce que les entreprises (et leurs employés) sont en train d'instaurer une nouvelle façon de faire ?
Un panel de discussion composé de quatre chefs d'entreprise de la communauté technologique du Québec ont discuté de ce thème lors de la conférence MTL Connect, fin 2022. Sophie Ginou, journaliste de Génie-inc et Espresso-jobs, animait la discussion. Ensemble, ils ont exploré la vision de chaque panéliste sur l'avenir du travail ainsi que les opportunités et les enjeux qui se présentent pour le futur.
François Fortier, PDG d'Applauz, faisait partie du panel d'experts.
Nous allons examiner son point de vue et les principaux éléments à prioriser pour l'avenir du travail. Parmi elles, la culture en tant qu'avantage concurrentiel, la flexibilité sur le lieu de travail et le leadership centré sur l'humain.
François commence par mentionner que la pandémie a accéléré de nombreuses tendances clé dans le milieu du travail. Pourtant, il explique que l'avantage concurrentiel numéro un dans cette nouvelle ère du travail se trouve dans la culture organisationnelle.
Il affirme que « le plus grand facteur de différenciation d'une entreprise est ses employés ».
La culture d'une entreprise, continue-t-il d'expliquer, est devenue un élément essentiel de prospérité. Traditionnellement, on pensait que la « culture » était incarnée par un lieu physique. Mais même lorsque les employés travaillent à distance, les gens ont l'impression que leur « culture » est toujours vivante. En fin de compte, la pandémie nous a rappelé que la culture n'est pas un lieu; ce sont des croyances, des pratiques et des valeurs. En d'autres termes, ce sont les individus.
François souligne que l'investissement dans la culture organisationnelle est une opportunité de première importance pour l'avenir du travail. De plus, la technologie va jouer un rôle essentiel dans le développement et le maintien de la culture. Au début de la pandémie, de nombreuses entreprises ont procédé à de grands changements sans avoir beaucoup de données sur les employés. Mais maintenant, les entreprises ont des outils variés à leur disposition. À l'avenir, il sera intéressant de voir comment les organisations utilisent les données sur les employés pour améliorer l'expérience de ces derniers.
« Flexibilité et autonomie » étaient des mots à la mode en 2022. De nombreux lieux de travail se sont libérés de leurs habitudes rigides et hiérarchiques au cours des deux dernières années. Les employés ont obtenu plus de liberté qu’auparavant dans l’histoire du monde du travail. Pourtant, offrir plus de flexibilité et d'autonomie au travail sont parmi les plus grands défis auxquels les organisations sont confrontées lorsqu'elles envisagent l'avenir du travail, explique François.
Il affirme que « les données montrent clairement que les employés veulent plus de flexibilité et d'autonomie ». Tout en ajoutant que « personne n'a encore trouvé la recette parfaite ».
Les dirigeants doivent encore trouver la formule optimale pour déterminer le degré d'autonomie ou de flexibilité à accorder aux travailleurs. Mais François pense que ces éléments deviendront plus évidents avec le temps. Car au final, les employés ont besoin de ressentir un sentiment d'appartenance. Ainsi, différentes structures de travail devraient redevenir populaires, comme les arrangements hybrides et le cotravail. La technologie, comme les réunions zoom et même la réalité virtuelle, sera utile, mais elle ne remplacera pas les bienfaits d'une rencontre en personne.
Enfin, François souligne le rôle crucial que la gestion joue dans le bonheur des employés. Dans les années à venir, François prévoit que les entreprises devront réimaginer le rôle du gestionnaire.
L'un des facteurs distinctifs de la gestion « centré sur l'humain » est un engagement profond à écouter les employés.
« Pendant trop longtemps, les entreprises ont géré leurs employés de manière paternaliste », déclare-t-il. Les entreprises ignoraient les opinions et la voix des employés. Mais aujourd'hui, les temps changent. L'écoute proactive des employés devient une pratique d’entreprise nécessaire. C'est particulièrement vrai dans les environnements de travail à distance, où il peut être difficile de déceler ce que les gens ressentent vraiment.
François souligne l'importance de la technologie et des outils de sondages anonymes pour permettre à chacun de se faire entendre. « Il est important de poser les bonnes questions à vos employés, de leur donner un moyen de partager leur opinion, qu'elle soit anonyme ou non. Et surtout, de capter ces informations et d'agir en conséquence ».
À la fin de la discussion, il y avait de l'optimisme dans l'air. Le modérateur a demandé aux participants des actions concrètes que les dirigeants peuvent prendre dès aujourd'hui pour se doter d'une main-d'œuvre plus moderne et « à l'épreuve du futur ».
Une recommandation a fait l’unanimité au sein du panel : commencez dès aujourd'hui à investir dans vos employés.
« Des employés engagés sont des employés qui réussissent mieux », affirme François. Dans cette économie, les entreprises doivent faire des efforts. Elles doivent offrir aux plus performants des incitations à rester en poste et à continuer d’être productifs.
Chaque entreprise a sa propre façon d'investir dans ses employés. Pour certaines, il s'agit de trouver des outils permettant de recueillir des données et les opinions des employés. Pour un autre panéliste, cela signifie plutôt d’investir dans le réaménagement de l'espace de bureau pour en faire un lieu de rencontre et de socialisation.
François affirme que les outils destinés à favoriser l'engagement et les opérations RH sont plus accessibles et plus abordables que jamais. Investir aujourd'hui dans ces programmes et ces solutions devient payant à long terme.